Je suis le fruit d'une union indésirée, une erreur. Mes parents on tout fait pour m'oublier, d'ailleurs je ne les ai pas connus. C'est par un soir d'été que ma mère se faisait désirable, que mon père fut tenter. Un paysage magnifique, des couleurs resplendissantes, une atmosphère chaleureuse, insultes à la tragédie qui se prépare. Sans lui demander son avis, mon père embarqua ma mère. Il voulait satisfaire ses envies, choses relativement facile vu sa force et ses valeurs. C'est alors qu'il l'enmena chez lui, et après une séance de cris et de hurlements, un embryon se forma. Ma mère était profondément blessée et honteuse, à jamais. Elle n'en parla pas, elle garda sa grossesse secrète. Elle détenait en elle une haine indéfinissable contre cette homme. Et étant donné que cet homme, je l'étais à moitié, elle me détestais également.
Elle accoucha, en cachette bien sûr. Elle voulait me faire du mal, mais elle en était incapable. Sa souffrance n'était toujours pas guérie, elle avait pensé que le fait de faire mal au fils de l'homme qu'elle maudit aurait pu apaiser son coeur. Mais agir était d'un autre ordre. Ma mère était incapable de me porter les coups qu'elle souhaitait. Non par bonté, mais par lacheté.
C'est ainsi que je fus né. Ma mère étant incapable de faire quoi que ce soit, elle me déposa dans la jungle d'otomaï, réputé dangereuse, pour laisser à la nature faire ce qu'elle n'a pas pu faire. Mais elle a échoué.
Voyez-y de la chance, ou la pire des malchances, mais j'ai survécu. Je ne saurais dire comment, je ne m'en souviens plus. Certains villageois prétendent avoir vu un kimbo porter un enfant dans son nid, mais ces propos restent des rumeurs. Personne ne sait vraiment ce qui m'est arrivé, pas même moi. Je ne me souviens plus de cette période.
Par contre, je me souviens d'un forgeur de dagues qui m'a recueuilli. Enfin... recueuillir est un grand mot, exploiter conviendrait mieux. Il a vu un enfant de 8ans seul, il s'est dit que ça pourrait faire de la main d'oeuvre. Et il avait raison. J'étais plutôt efficace. Je travaillais 10heures par jour, et j'étais nourri avec le strict minimum, bien entendu. Pourtant, cet homme n'était pas pauvre... Mais je ne m'en plaignais pas, ma vision du monde était si restreinte que je n'avais pas conscience qu'il existait des situations bien meilleures.
Le soir, j'avais un peu de temps libre. Je m'entrainais alors à chasser avec ma dague. Apres quelques mois passés chez ce forgeur, j'apercevais des ombres qui m'espionnaient. Je n'avais pas peur, je ne savais pas ce qu'on pouvait bien me vouloir. Alors je continuais, je partais à la chasse aux mufahah. Et je chassais, jusqu'à tomber inconscient. Comme toujours. Tant qu'il me reste un souffle de vie, je fais tout pour réaliser l'objectif que je me fixe. Et mon but, c'est de devenir plus fort pour pouvoir explorer le monde.
C'est à 12ans que j'ai quitté ce forgeur. Je suis parti seul. J'ai eu le temps découvrir quelques choses. Ma naïveté n'était pas prête, chaque chose m'émouvait terriblement. Le simple fait de voir un kimbo voler était tellement magnifique que je ne savais retenir mes larmes. J'étais l'homme le plus heureux du monde. Chaque chose était source d'une émotion profonde, touchante.
Mais le bonheur fut de courte durée. Une sorcière m'apercut, et elle dut voir en moi quelque chose d'original, de mystérieux ou de je ne sais quoi qui l'intrigue, parce qu'elle m'a pris avec elle. Je n'avais pas mon mot à dire, elle m'a pris par le bras, et un instant plus tard j'étais dans son château. Une immense demeure resplendissante, trop belle même. Ce lieu était envoûtant, tout comme cette sorcière pour qui j'étais déjà prêt à donner ma vie alors que je ne la connassais même pas. Un charisme digne de sa cruauté.
Elle exploita ma candeur. Mais je m'en plains pas, c'est elle qui m'a rendu plus fort. Elle m'a appris à échanger ma place avec toute chose, et à absorber la souffrance d'un autre pour la ressentir moi-même. Par moi, elle désirait se rendre immortelle. Chaque coup qu'on lui porterait, c'est moi et non pas elle qui le recevrait. Une femme intelligente. C'est ce qu'elle fit, nous partions ensemble en expédition, et nous formions une équipe remarquable. Elle, tuant les créatures principales, et moi, recevant les coups. Je devins donc résistant.
Mais la viellesse s'attaquait à la sorcière, chose que je ne pouvais pas absorber à sa place. Et elle eut d'autres projets dont je n'ai pas idées. C'est alors qu'un soir, elle me jeta un sort et je ne repris conscience que quelques heures plus tard. Je n'ai jamais su ce qu'elle m'avait fait durant cette période, jusqu'à ce que je rencontre yumadoly qui prétendait que j'étais son père. J'imagine donc qu'elle a voulu confier sa quête à un enfant qui aurait à la fois la puissance magique qu'elle détient et la résistance dont je fais preuve.
Je suis parti une nouvelle fois à l'aventure, et c'est là que j'ai rencontré le premier homme en qui j'ai tout de suite eu confiance, sexypapy. Mais cette fois, je ne me faisais pas d'illusion. Le lien qui me liait à lui était d'un ordre, rempli de sincérité. Il s'est directement pris d'affection pour moi. Et encore une fois, j'ai décidé de lui vouer ma vie. Je ne supportais pas de voir le sang couler de la peau de ce vieil homme, déjà si fragile. La douleur qu'il ressentait lorsqu'un coup lui était porté... voir ça, cette insulte à sa granduer, était pour moi une souffrance d'un autre ordre. Il ne méritait pas de souffrir, cet homme sage et bon. Moi, qui ne devrait pas être né et dont l'existence est une erreur la mérite. Il faut que je la ressente. Voir ce rouge sur un autre corps que le mien m'est insupportable. Beaucoup trop d'émotions, c'est un malaise qui m'envahit.
Je suis trop sensible, c'est ce que ce vieil homme me dit. Mais avec moi, le terme hypersensibilité conviendrait mieux. Je ne suis pas capable de voir la beauté souffrir sans verser de larmes. La beauté, c'est ce monde. Un monde que je désire protéger, même s'il n'a pas voulu de moi, même s'il m'a fallu des années pour trouver ma place. Je donnerais ma vie au nom de l'amour que je porte envers chaque être. Et je vivrai encore, pour découvrir les richesses que détient le vieil homme, les richesses que détient la splendeur. Et je me battrai pour ces trésors de la vie. Je me battrai, et j'en mourrai. Tel est mon destin, celui que j'ai choisi, celui que je suis!